Est-ce bien réaliste, une monnaie numérique Européenne? Les pessimistes, en dépit de leurs doutes, auraient probablement été stupéfaits par la concrétisation de ce projet. Néanmoins, le processus a été lancé et est actuellement en cours. La perspective d’une monnaie européenne numérique pourrait bien devenir une réalité à court terme, peut-être même avant la fin de cette décennie. Tout dépendra des résultats obtenus au cours de la « phase préparatoire » qui débute le mois prochain et s’étalera sur deux ans. Les premiers signaux indiquent que les perspectives sont favorables.
Une monnaie numérique unique Européenne, une réalité contre toute attente
Pour les sceptiques, une synthèse des opinions recueillies est disponible dans une étude qualitative réalisée pour le compte de la Banque centrale européenne par l’institut de sondage britannique Kantar. Cette étude a impliqué environ 320 participants de tous les pays de la zone euro, rassemblés lors de discussions entre décembre 2022 et janvier 2023. Le sujet de ces discussions pourrait sembler restreint à première vue, mais il s’avère être révélateur : comment différents segments de la société, tels que le grand public, les passionnés de technologie, les consommateurs ayant un accès limité aux services bancaires, et les commerçants, réagiraient aux diverses fonctionnalités d’une monnaie numérique.
La perspective d’une monnaie numérique européenne
Ce qui ressort clairement de cette étude, parmi les intentions sous-jacentes de la BCE, c’est que le projet pourrait éventuellement aboutir à la création d’une monnaie numérique de détail. Jusqu’à présent, les banques centrales intéressées, y compris la BCE, avaient été prudentes et avaient principalement exploré la création de monnaies numériques de gros. Cependant, cette nouvelle étude suggère que les horizons pourraient s’élargir, ouvrant la voie à une transformation majeure dans le paysage financier européen.
Une révolution monétaire imminente
Au-delà des aspects techniques, une révolution monétaire d’envergure se profile, peut-être la plus significative depuis l’introduction du billet de banque. Les amateurs de technologie affirmant que rien de révolutionnaire n’est à l’horizon pourraient arguer que nous effectuons déjà quotidiennement des transactions électroniques, notamment des paiements sans contact via des applications mobiles pour smartphones. Cependant, ce qu’ils négligent, c’est la distinction fondamentale entre ces paiements électroniques, qui reposent sur des soldes en monnaie scripturale détenus auprès des banques, et l’utilisation de soldes en monnaie numérique de banque centrale à des fins similaires, stockés sous forme de « jetons » dans des portefeuilles numériques.
Les attentes diverses de la société pour cette monnaie numérique
Les premiers dépendent des dépôts bancaires, ce qui signifie qu’ils représentent des créances sur les banques. En revanche, les seconds, ces « jetons » émis par la banque centrale, sont similaires aux billets de banque, car ils représentent des créances sur la banque centrale elle-même. Ils sont indépendants du réseau bancaire et offrent de nombreux avantages, notamment la gratuité d’utilisation, une exécution instantanée et une immunité au risque (la banque centrale, contrairement aux banques commerciales, ne peut pas faire faillite). De plus, ils garantissent l’anonymat si souhaité.
Voir aussi: L’euro numérique submergé par des failles législatives
Cependant, il est essentiel de noter qu’il existe également des risques associés à cette transition, mais la « phase préparatoire » devrait permettre de mieux les identifier. L’un des principaux défis est la possible exclusion des banques commerciales de ce nouveau système, ce qui pourrait les inciter à résister et à entraver autant que possible cette évolution. Cette situation demeure donc à surveiller attentivement.