Le bitcoin est un phénomène super geek. Même pour les plus geeks, le bitcoin est geek. C’est dire ! Et le monde se partage déjà entre deux camps : celui qui voit dans le bitcoin une nouvelle invention révolutionnaire, et celui qui n’y voit qu’une vaste blague. Café de la Bourse vous explique ce qu’est le bitcoin, les enjeux qui se rattachent à sa technologie, son rôle et sa place aujourd’hui.
Malgré son image très geek, en septembre 2015, l’autorité de régulation du marché des matières premières aux États-Unis, la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), a officiellement déclaré que le bitcoin entre dans la catégorie des matières premières. Il s’agit donc d’un premier pas vers une régulation des monnaies virtuelles. Les transactions financières en bitcoin et le trading sur les plateformes spécialisées devront désormais s’effectuer en respectant les règles encadrant les échanges de matières premières.
Aujourd’hui, les grandes banques cherchent aussi à exploiter au mieux le potentiel financier de la Blockchain, la technologie du Bitcoin, dans le but de réaliser des économies sur les transactions financières mais aussi d’établir des standards à travers l’industrie financière.
COMMENT FONCTIONNE BITCOIN ?
P2P + monnaie + cryptographie = bitcoin
Le bitcoin est une monnaie immatérielle, ou crypto-monnaie, qui permet à son détenteur d’acheter des biens et des services sur internet. À la différence des monnaies classiques, le bitcoin n’a pas de banque centrale ni aucun organisme central. Au lieu de cela, le bitcoin repose sur un vaste réseau de gré-à-gré sur internet.
Le bitcoin est en quelque sorte le fruit du mariage entre l’idée de réseau P2P (de gré-à-gré), les techniques de cryptographie et le concept de monnaie. Résultat : le bitcoin est peut-être en train de faire émerger un système financier d’un nouveau genre, complètement décentralisé, totalement libre.
Qui a créé cette crypto-monnaie appelée Bitcoin ?
Le Bitcoin est l’oeuvre d’un génie qui se fait appeler Satoshi Nakamoto. C’est tout ce que l’on sait. Ça pourrait être un homme ou une femme. Il pourrait même s’agir de plusieurs personnes, personne ne le sait.
À quoi ressemble le moyen de paiement Bitcoin ?
Un bitcoin se compose d’une clé privée et d’une clé publique. La clé publique est faite de 34 caractères alpha-numériques commençant par « 1 » ou « 3 », du style 15VjRaHkhf5dg68LVnbrCAFzrVzN7ixHNsC. La clé privée fait office de portefeuille électronique. Celui-ci est anonyme.
La clé privée est faite de 51 caractères alpha-numériques commençant par le chiffre 5. Elle est requise pour transférer des bitcoins à un autre utilisateur du réseau.
Combien de Bitcoins sont en circulation dans le monde ?
À l’heure où nous écrivons ces lignes, il circule environ 16 millions de bitcoins en 2016 (contre 10 millions de bitcoins en 2013), pour une masse monétaire d’environ 6 milliards de dollars en 2016 (contre 1 milliard de dollars en 2013).
La quantité de bitcoins en circulation est définie automatiquement par un réseau de serveurs informatiques, appelés mineurs, disséminés dans le monde entier. Ils se chargent de confirmer les transactions et les rajoutent à un journal de transactions décentralisé. Le volume de bitcoins en circulation atteindra précisément 21 millions d’unités en 2140. C’est ce que prévoit l’algorithme.
Victime de son succès, le réseau du Bitcoin, dans sa configuration actuelle, va bientôt saturer, ce qui risque de provoquer à la fois des embouteillages et une dégradation du service. Face à ce danger, une solution semble s’imposer : introduire des innovations techniques afin de permettre au réseau d’absorber plus de trafic.
Comment les Bitcoins sont-ils produits ?
C’est là que ça devient un peu technique – et un peu étrange.
Les bitcoins sont « excavés », suivant un algorithme prédéfini. Ils se trouvent par lot de 25 unités, et viennent récompenser les efforts de calcul visant à trouver la solution à ce qui s’apparente fort à un problème mathématique aléatoire.
Le rôle de l’algorithme est d’assurer que la progression du stock de bitcoins soit de plus en plus lente, en diminuant de moitié la récompense tous les quatre ans. Ainsi, début 2017, la récompense est tombée à 12,5 unités. Parallèlement, le niveau de difficulté des problèmes mathématiques à résoudre s’accroît au fil du temps, ce qui a pour effet d’espacer les récompenses.
L’algorithme a été conçu ainsi afin que le bitcoin se comporte exactement comme une denrée rare dont l’exploitation offre des rendements marginaux décroissants. Un peu comme l’or ou le pétrole, par exemple (facile et pas cher d’en trouver au début, puis de plus en plus difficile et coûteux).
Pour miner des bitcoins, il faut donc de plus en plus de temps et de ressources (puissance de calcul, matériel informatique, développeurs). Résultat : bien que virtuels, l’offre de bitcoins est contrainte. L’algorithme confère ainsi au bitcoin une immunité contre l’inflation.
En cela, le bitcoin est tout le contraire du Linden dollar, la monnaie d’échange du monde virtuel en ligne Second Life (vous vous souvenez ?). Ce dernier est produit par une autorité centrale, monopole de fait, à son bon vouloir, sans aucune limite.
La rareté du bitcoin est un des éléments lui conférant de la valeur. Un autre élément est son utilité comme moyen de paiement.
Qui accepte les paiements en Bitcoin ?
Peu de commerçants acceptent d’être payés en bitcoin. La plupart des commerces qui l’acceptent sont sur internet. Certains sites d’e-commerce, comme Bitcoinstore, ont même bâti leur modèle économiquue sur le bitcoin. La plateforme de blog WordPress accepte elle aussi les bitcoins. Vous pouvez aussi utiliser vos bitcoins pour vous offrir des paires de chaussettes en alpaga.
Plusieurs États ont reconnu officiellement le Bitcoin comme méthode de paiement comme le Japon en mars 2017.
Où acheter des unités de compte Bitcoin ?
Le bitcoin peut s’échanger dans le monde entier, via n’importe quel ordinateur ou smartphone, sans aucun intermédiaire bancaire. Des agents de change spécialisés se chargent de convertir les bitcoins en devises classiques, dont l’euro et le dollar. Les plateformes les plus utilisées sont Kraken.com, Bitcoin.de ou encore Paymium.com.
Le Bitcoin connaît un succès sans précédent en Chine où trois plateformes chinoises, Okcoin (43,1 %), Huobi (33,3 %), et btcchina (19,5 %), se sont accaparées 95 % des volumes mondiaux de bitcoin sur les 6 derniers mois de 2016. Certains même parlent du Bitcoin comme d’une monnaie chinoise. Si les raisons de cet engouement sont nombreuses, les principales sont sans aucun doute la politique du gouvernement chinois en matière de contrôle de sortie des capitaux des ressortissants chinois et la baisse continue du Yuan contre laquelle il sert de protection. En effet, depuis fin 2016, le bitcoin a tendance à évoluer à l’inverse de la devise chinoise : il monte quand le yuan recule.
Bitcoin est-il une vraie monnaie ?
C’est un vaste débat quasi-philosophique, mais nous allons essayer de vous fournir quelques pistes de réflexion.
Pour être un moyen de paiement largement accepté et une réserve de valeur, la monnaie doit être un objet avec les propriétés suivantes : non-périssable, identifiable, difficile à contrefaire, facile à transporter, facile à stocker, fongible et divisible.
Voyons si le bitcoin possède ces propriétés :
- non périssable : de toute évidence, oui.
- identifiable : à la façons des billets de banque, chaque bitcoin a son numéro propre. Donc oui, bien identifiable.
- difficile à contrefaire : impossible à contrefaire, mais une personne avec suffisamment de ressources informatiques pourraient essayer d’utiliser un même bitcoin pour effectuer plusieurs paiement.
- facile à transporter et à stocker : pour peu que vous ayez un smartphone ou un ordinateur, il est facile de stocker et transporter une grande quantité de bitcoins.
- fongible : de la même façon qu’un lingot d’or est interchangeable avec un lingot d’or, un bitcoin est interchangeable avec un autre bitcoin. Il est donc bien fongible.
- divisible : un bitcoin peut se subdiviser en 100 millions d’unités, appelés satoshis (1 satoshi = 0,00000001 BTC).
À première vue, le bitcoin a toutes les propriétés d’une monnaie. Mais cela ne garantit en rien son succès. En effet, pour réussir, une monnaie doit inspirer confiance et, surtout, être utile. Les deux sont d’ailleurs intimement liés.
Pour inspirer confiance, le bitcoin doit intimement convaincre ses utilisateurs qu’ils pourront à tout moment échanger leurs bitcoins contre des biens et des services.
Les utilisateurs d’une monnaie font partie d’un vaste réseau d’échange, et la valeur de ce réseau augmente en raison du nombre de personnes qui le compose. Pour être véritablement utile, il faut donc que le bitcoin soit accepté par suffisamment de monde.
Bitcoin est-il une menace pour l’euro ou le dollar ?
C’est peu probable. Il est plus probable que bitcoin reste une monnaie de niche, utilisée sur internet par une communauté de geeks early adopters. Cependant, on ne peut que constater l’importance grandissante de cette monnaie d’un nouveau genre qui s’étend désormais à l’asset management avec par exemple le fonds GABI (Global Advisors Bitcoin Investment Fund PLC) de la Leading bitcoin asset manager, Global Advisors (Jersey) Limited.
Comment investir dans le Bitcoin ?
Mais l’on assiste aussi à l’émergence aux Etats-Unis de sociétés de fiducie spécialisées dans la monnaie cryptée comme LLC et ITbit. Ces deux sociétés, en plus de satisfaire aux exigences de la New York State Department en matière de capitalisation, de réserve, de conformité, de protection des consommateurs et de cyber-sécurité, fournissent aussi des garanties de systèmes de stockage informatique et des systèmes de voûte de stockage à froid pour les avoirs de Bitcoin du fameux fonds GABI. Le gestionnaire du fonds GABI offre la possibilité d’échanger en Crypto Delta One (CRYDO) ces valeurs mobilières particulières.
CRYDO permet donc d’échanger ses titres sur une plate-forme de négociation électronique qui offrent une exposition indirecte ou synthétique au prix sous-jacent de bitcoin sans transmettre la propriété explicite de Bitcoin. De cette façon, les bitcoins fonctionnent de manière similaire à des CFD en offrant les avantages de l’effet de levier notamment. La plateforme de copy trading eToro permet également d’investir dans le bitcoin par l’intermédiaire d’un CFD sur la monnaie électronique.
Le bitcoin est bien en train de devenir outre-Atlantique un produit financier à part ! Mais qui subit encore de sérieuses déconvenues. Les jumeaux Winklevoss (ceux-là même qui revendiquaient la paternité de Facebook et ont réglé l’affaire à l’amiable avec Marck Zuckerberg) ont annoncé dès 2013 la création d’un ETF basé sur la célèbre monnaie virtuelle. Ce projet pour faire coter sur la plateforme d’échanges boursiers BATS des titres de leur « Winklevoss Bitcoin Trust » aurait permis aux investisseurs d’accéder plus facilement au bitcoin.
Mais la SEC (Security Exchange Commission, le gendarme boursier américain) a rejeté l’ETF des frères Winklevoss en mars 2017 arguant qu’en l’absence de régulation actuellement sur le marché du bitcoin, le BATS ne pourrait pas prendre des mesures qu’exige la législation boursière « pour empêcher des actes et des pratiques frauduleux et manipulateurs, et pour protéger les investisseurs et l’intérêt du public ». Un coup dur pour la monnaie virtuelle qui a connu un mini-krach le 10 mars 2017, date de la décision de la SEC. Le bitcoin est passé brutalement de presque 1 300 dollars à environ 1 000 dollars avant de se reprendre un peu plus tard dans la journée. En effet, la monnaie est ensuite remontée pour osciller entre 1 230 et 1 250 dollars.
La hausse du Bitcoin : un signe des risques sur les principales devises mondiales ?
Le bitcoin a connu une très belle année 2016, la devise électronique a bondi de 120% l’an dernier dépassant les 1 000 dollars. La cryptomonnaie profite de la montée des risques politiques et notamment de tout ce qui touche de près ou de loin aux devises : Brexit, élection d’un Trump au discours très protectionniste, etc. Avec des échéances électorales majeures en Europe qui pourraient impacter fortement la zone euro et son fonctionnement, le Bitcoin a encore en 2017 de beaux jours devant lui.
Quand la Fed, la BCE et la Banque du Japon font tourner à plein régime la planche à billets, l’expérience bitcoin est un exemple (en petit) du fonctionnement d’un système monétaire libre de toute interventionnisme des banques centrales. Un système décorrélé des devises de référence qui a de quoi séduire quand ces dernières semblent échapper à tout contrôle.
Quel avenir pour le Bitcoin ?
La création du Bitcoin Cash est le résultat de 2 années de guerre intestine entre les utilisateurs et créateurs de Bitcoin. Le désaccord portait sur les modalités d’amélioration du système et réseau Bitcoin pour le rendre plus rapide. Le réseau n’était en effet en mesure de traiter que 300 000 transactions par jour, ce qui n’était pas assez aux yeux de certains. Ce groupe de contestataires mené par Roger Ver et qui compte également dans ses rangs plusieurs sociétés de « mining pools », sociétés qui valident les transactions, ont donc lancé le 23 juillet 2017 le Bitcoin Cash, nouvelle version qui pourrait bien détrôner l’originale, le Bitcoin Core, à la condition toutefois que la majorité des sociétés de mining pool se rangent derrière lui. Affaire à suivre donc !