À mesure que plus de 100 expériences de monnaies numériques de banque centrale (CBDC) évoluent à travers le globe, la programmabilité des paiements reste au centre du débat. Une question centrale émerge : l’argent devrait-il être sans censure, ou des contrôles devraient-ils être intégrés pour déterminer où et quand l’argent peut être dépensé ? Dans cette quête, la distinction cruciale entre la programmabilité de l’argent et celle des paiements devient essentielle.
La Distinction essentielle
La programmabilité des paiements se réfère à la capacité d’automatiser des transactions en fonction de conditions prédéfinies. Cela englobe déjà des formes basiques comme les prélèvements automatiques, mais la programmabilité des paiements prend tout son sens avec l’avènement des contrats intelligents basés sur des registres distribués. D’un autre côté, la programmabilité de l’argent va au-delà des transactions, permettant d’émettre de l’argent avec des propriétés spécifiques et des règles programmées complexes.
Programmabilité des paiements vs programmabilité de l’argent
1. Programmabilité des paiements :
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Les prélèvements automatiques et ordres permanents sont des exemples existants.
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Limitations dues à la complexité de la mise en œuvre d’une logique avancée.
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Contrats intelligents basés sur des registres distribués offrent une flexibilité accrue.
2. Programmabilité de l’argent :
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Va au-delà des transactions, émettant de l’argent avec des propriétés spécifiques.
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Peut restreindre la manière dont l’argent est dépensé, effectuer des transactions ciblées, ou faire varier la valeur de l’argent dans le temps.
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Intègre la logique de programmation et la réserve de valeur.
L’importance de la programmabilité
La programmabilité des paiements permet une automatisation plus poussée des transactions, tandis que la programmabilité de l’argent offre des fonctionnalités bien plus complexes. Cependant, ces caractéristiques ne sont pas sans risques, notamment en ce qui concerne la confiance du public dans les CBDC et leur adoption.
Contrats Intelligents et CBDC
Les contrats intelligents, fonctionnant sur des blockchains comme Ethereum, jouent un rôle central dans la programmabilité des paiements. Ils offrent trois caractéristiques clés : la programmabilité, la définition de l’argent, et la tokenisation. Ces éléments permettent d’automatiser diverses transactions. Par exemple; définir des propriétés spécifiques, et Tokeniser des actifs, ouvrant de nouvelles perspectives pour les transactions numériques.
Programmabilité des CBDC
La programmabilité des CBDC suscite des débats sur la confidentialité et le contrôle gouvernemental. Alors que certains pays, comme l’Union européenne, envisagent des CBDC sans programmabilité d’argent pour préserver la vie privée, d’autres, à l’instar de la Chine, intègrent des fonctionnalités de contrat intelligent dans leurs CBDC.
Cas d’étude : Le Yuan numérique Chinois
En 2023, la CBDC chinoise, l’eCNY, a été mise à niveau pour inclure des contrats intelligents. Des entreprises chinoises, comme Meituan, utilisent ces contrats pour automatiser des paiements en fonction de mots-clés dans les descriptions des produits achetés, illustrant ainsi la puissance de celle-ci dans le monde des CBDC.
Les enjeux et les perspectives
La question de la programmabilité dans les CBDC soulève des questions cruciales. Notamment, sur la vie privée, la lutte contre le blanchiment d’argent et d’autres impératifs. Les collaborations entre banques centrales visent à assurer l’interopérabilité des systèmes pilotes. Toutefois, des décisions divergentes entre pays pourraient compliquer les choses.
Défis et embûches de la la programmabilité des paiements
La mise en œuvre de la programmabilité des paiements dans le contexte des crypto-monnaies et des CBDC (monnaies numériques de banque centrale) est confrontée à plusieurs embûches et défis. Voici quelques-unes des principales embûches associées à cette évolution technologique :
- Confiance du public :
Introduire la programmabilité des paiements peut susciter des inquiétudes parmi le public quant à la confidentialité, à la sécurité des transactions et à la manière dont les autorités peuvent potentiellement contrôler les dépenses des individus. Construire et maintenir la confiance du public est crucial pour le succès des CBDC.
- Complexité technique :
La mise en œuvre de contrats intelligents et de fonctionnalités programmables nécessite des systèmes informatiques complexes et des compétences techniques avancées. Les ajustements nécessaires pour intégrer ces fonctionnalités dans les infrastructures financières existantes peuvent être considérables.
- Conformité réglementaire :
La programmabilité des paiements doit être conforme aux réglementations en vigueur, notamment en matière de lutte contre le blanchiment d’argent (AML) et de connaissance du client (KYC). Les contrats intelligents doivent être élaborés de manière à respecter ces exigences, ce qui peut être un défi.
- Interopérabilité :
Si différentes CBDC intègrent des formes variées de programmabilité, l’interopérabilité entre ces systèmes devient cruciale. Les standards doivent être établis pour permettre des transferts et des paiements transfrontaliers fluides, même entre des CBDC utilisant des approches différentes.
- Protection de la vie privée :
L’équilibre entre la programmabilité des paiements et la protection de la vie privée est délicat. Les autorités doivent élaborer des solutions qui préservent la confidentialité par défaut et qui soient conformes aux régulations en matière de protection des données.
- Éducation et acceptation :
Les utilisateurs, tant individuels qu’institutionnels, doivent être éduqués sur les avantages et les risques associés à la programmabilité des paiements. L’acceptation de ces nouvelles technologies dépendra largement de la compréhension qu’ont les acteurs du marché de leurs implications.
- Sécurité informatique :
La programmabilité des paiements expose les systèmes aux risques de piratage et de fraude. Des mesures de sécurité robustes doivent pouvoir protéger les contrats intelligents et les transactions automatisées contre les attaques potentielles.
- Adoption graduelle :
L’adoption de la programmation des paiements peut être un processus graduel, en particulier dans le contexte des CBDC. Les institutions financières et les utilisateurs individuels peuvent être réticents à adopter ces nouvelles fonctionnalités sans garanties claires sur la sécurité et la stabilité.
Pour conclure, bien que la programmabilité des paiements offre des opportunités considérables, surmonter ces embûches nécessitera des efforts. En l’occurrence, une collaboration étroite entre les gouvernements, les régulateurs, les institutions financières et les développeurs de technologies blockchain. Le futur des paiements numériques dépendra grandement de la manière dont cette équation se résoudra. L’équilibre entre l’innovation technologique et la préservation des principes fondamentaux du système financier mondial sera crucial pour garantir le succès de ces évolutions.