Mastercard, la multinationale accélère l’intégration des monnaies numériques stables dans l’économie mondiale
Infrastructure de Mastercard prête à l’emploi
Mastercard ne teste plus. Elle déploie. Depuis 2023, l’entreprise américaine a transformé ses programmes pilotes autour des stablecoins en une stratégie industrielle. En mars 2024, elle a élargi son partenariat avec Immersve, une fintech néo-zélandaise, pour permettre des paiements directs en stablecoins, notamment l’USDC, sur les réseaux Mastercard. Le règlement s’effectue en temps réel sur la blockchain Ethereum via des contrats intelligents. Plus de banques, plus d’intermédiaires.
Un changement structurel du réseau Mastercard
Mastercard adapte ses rails. Elle intègre désormais les blockchains publiques dans son infrastructure de paiement. Elle teste des ponts entre ses systèmes internes et les réseaux comme Polygon, Solana et Avalanche. En parallèle, elle participe à l’élaboration de normes de « tokenisation réglementée » avec la BIS (Banque des règlements internationaux) et plusieurs banques centrales.
Le message est clair : Mastercard prépare une cohabitation entre devises traditionnelles, monnaies numériques de banques centrales (MNBC) et stablecoins privés, sur une même couche technologique.
L’USDC et l’Euro numérique en ligne de mire
Circle, l’émetteur de l’USDC, devient un acteur central dans l’écosystème Mastercard. Les deux groupes travaillent à des solutions de règlement instantané pour le e-commerce et les transferts transfrontaliers. La multinationale anticipe ici un besoin crucial : la stabilité du cours des monnaies numériques tout en gardant la vitesse et la programmabilité des cryptos.
Voir aussi – L’euro numérique : une révolution monétaire de la BCE en Europe
L’Europe n’est pas en reste. Mastercard participe à plusieurs consultations sur l’euro numérique, qui pourrait être compatible avec les wallets et les cartes Mastercard dès 2026. La firme veut devenir le pont technologique entre les MNBC et les stablecoins à usage commercial.
Un nouveau modèle de paiement global
En intégrant les stablecoins, Mastercard change de modèle. Elle passe de simple processeur de transactions à orchestrateur de services financiers hybrides. Elle ambitionne de permettre à une entreprise en Afrique de payer un fournisseur en Corée avec de l’USDC, sans change, sans délai, sans frais bancaires classiques. La carte Mastercard devient alors une interface multi-devises adossée à des smart contracts.
Cette mutation s’opère dans un contexte de dédollarisation partielle et de montée en puissance des CBDC en Chine, Inde, Brésil. Mastercard joue la neutralité technologique pour rester incontournable dans toutes les zones monétaires.
Risques et extrapolations
Le pari de Mastercard repose sur une régulation favorable. Or, les États-Unis restent ambigus sur le statut des stablecoins. Une législation fédérale pourrait bloquer certains usages ou imposer des exigences de réserve plus strictes. En Europe, MiCA donne un cadre dès fin 2024, mais tout dépendra de la vitesse d’adoption des institutions.
Si la confiance dans l’USDC se consolide — grâce à des audits publics et des partenariats comme celui avec BlackRock — Mastercard pourrait embarquer d’autres géants comme PayPal, Revolut, voire des réseaux de cartes concurrentes. Les stablecoins deviendraient alors un standard industriel, comme l’IP ou le protocole SWIFT en leur temps.
Conclusion
Mastercard n’intègre pas les stablecoins pour suivre la mode. Elle les transforme en composants essentiels de son infrastructure mondiale. Si la régulation suit, elle pourrait faire de l’USDC et de ses équivalents les nouvelles monnaies de transaction du XXIe siècle. Elle ne veut pas concurrencer les banques centrales. Elle veut simplement rester au centre du jeu, quel que soit le jeton utilisé.